Un simple petit coup de pouce qui fait jaillir l'étincelle!
Saviez-vous que le briquet allumait les foyers, les pipes et autres cigarillos bien avant l'invention de l'allumette,
ce génial petit bout de bois enduit à son extrémité d'un savant mélange de souffre.
Ils ont changé notre vie. Nous les utilisons tous les jours, au point que nous ne les regardons même plus. Les briquets ont pourtant une histoire, ces anonymes serviteurs qui nous soulagent de bien des corvées et nous procurent un réel confort. Le briquet avec molette, essence et mèche est une invention qui n'a pas cent ans. Avant cette époque, et même encore longtemps après, le silex, l'amadou, les balbutiements de la chimie et de l'électricité ont tenté de donner du feu.
Comment imaginer aujourd'hui qu'il y a moins d'un siècle, faire du feu n'était pas aussi simple que l'on voudrait le croire ! D'après les experts, voilà à peu près 700 000 ans que l'homme commença à domestiquer le feu. Puis il y a eu deux silex que l'Homo Cavernicus, notre cousin Sapiens douillettement installé au fond des grottes de la préhistoire, fappait l'un contre l'autre. Très vite cette technique par percussion va s'affiner consistant à percuter une roche siliceuse contre un minerai de fer, de la pyrite ou de la marcassite. Cette action permettait l'obtention d'étincelles pour embraser des variétés de champignons comme l'amadou ou des mousses séchées. C'est sans doute la technique du "briquet" la plus ancienne connue en Europe, il y a 15 000 ans environ.
Plus tard, la pyrite sera remplacée par un alliage de fer et de carbone, donc de l'acier, qui permet de fournir des étincelles plus grosses, plus brillantes, plus chaudes. Et surtout en plus grand nombre.
Les briquets à silex, toujours utilisés dans certaines régions reculées d'Afrique ou d'Asie, servaient encore récemment en Europe. Il y a moiins d'une cinquantaine d'années, on les trouvait encore sur les marchés de Grèce, de Bulgarie ou de Turquie, faisant souvent partie de l'équipement de survie des bergers isolés dans la montagne.
Initié par un français, Marcel Quercia, le briquet à gaz sera à la flamme ce que le prêt-à-porter fut à la mode : un formidable vecteur d'innovation. Et un moyen chic et pas cher pour allumer les feux de la modernité.
Un simple petit coup de pouce qui, en une fraction de seconde, allume le filet de gaz de votre briquet. Fallait y penser ! Dans les années 60, pour recharger un briquet à gaz vide, il suffit de changer sa cartouche chez le buraliste. Dix ans plus tard, les Parisiennes ne prendront plus la peine de recharger leur Dupont de poche plaqué or, elles jetteront leur briquet Bic à la poubelle avec la même désinvolture suivant laquelle elles ont brûlé leur soutien-gorge au bûcher du féminisme.
Avec 5 millions de briquets vendus chaque jour, Bic est le leader mondial sur le marché. Pour information, sachez qu'en 2005, le célèbrissime briquet jetable tout en plastique est entré, par la grande porte, dans les collections permanentes du Musuem of Modern Art (Moma) de New York, au département Architecture et Design.
1931, Bradford, Pennsylvanie. Selon la légende, Georges Blaisdell aurait demandé à un ami élégant : "Vous qui êtes si chic, pourquoi n'avez-vous pas un briquet qui ait plus d'allure ?" ("You're all dressed up. Why don't you get a lighter that looks decent?"). Piqué, son ami lui répondit : "Mais, il marche!".
Ainsi, le créateur voulut un briquet à la fois beau à regarder, simple à utiliser et, surtout, fiable. Sa grande idée fut de relier le fermoir ç la partie inférieure d'un briquet type tempête (à essence) par une charnière soudée. Un fermoir qui clique et qui claque quand on l'ouvre. ainsi, l'utilisateur pouvait utiliser son briquet d'une seule main. Un geste viril, s'il en est, qui colle bien à l'image du "cow-boy Marlboro" véhiculée à l'époque. [Un beau mec solidement burné qui mourra d'un cancer du poumon vingt ans plus tard.]
Pour finir sa création, Blaisdell a l'idée d'entourer la mèche d'une grille de protection contre le vent. Zippo ? Un nom inspiré d'une nouvelle invention géniale de 1930: le zip, la fermeture éclair, qui fait fureur en Amérique. Ce patronyme génial passera à la postérité comme klaxon, frigo ou kleenex. Et les anecdotes guerrières de foisonner à porpos de cet "obscur objet du désir" cher aux garçons.
Un zippo en argent aurait sauvé la vie du soldat Ryan parachuté sur les plages de Normandie, en arrêtant une balle allemande. Pendant la sombre guerre du Viêt-Nam, un "Zippo Raid" consistait à détruire par le feu un village supposé tenu par les Viêts-Congs; les GI's utilisant leur zippo pour ce faire. On préfère de loin cette histoire d'un Bob Marley, pacifiste, qui ne pouvait allumer ses "cigarettes qui font rire" qu'avec un Zippo fabriqué en exclusivité pour lui. Sinon ça ne le faisait pas rire du tout ...
Texte de Raoul Nuyle - tiré de Stûv Magazine - n°1 - Février 2010
A lire : "La folie des briquets", de Juan Manuel Clarck aux éditions Flammarion.
"La légende du Briquet" de Ad. et Alice Van Weert aux éditions du Collectionneur.
Page personnelle de Laurent Briquet
| Copyright et droits réservés
| Plan
|